Depuis quelques années, l’Université Loyola du Congo (ULC) est de plus en plus citée parmi les meilleures universités, comme meilleure destination pour les futurs étudiants, grâce à sa faculté d’ingénierie notamment.
Malheureusement, de sources crédibles, nous apprenons qu’il y a des tensions actuellement au sein de cette faculté d’ingénierie. Clairement, il y a eu une nomination forcée et abusive du doyen de la faculté de l’ingénierie ULC-ICAM. Que s’est-il passé?
Tout d’abord, rappelons brièvement l’histoire de cette faculté, afin que la vérité ne soit pas tordue. Initialement dans les années 2008, l’Institut Supérieur des technologies d’Afrique Centrale IST-AC, aujourd’hui Institut UCAC-ICAM, basé à Pointe Noire (Congo B.) et à Douala (Cameroun) recrutait à Kinshasa des congolais via un concours. Le père Romain Kazadi, un jésuite, alors recteur du Collège Bonsomi, était le point focal de l’ISTAC pour l’organisation du concours dans la ville de Kinshasa et en Province. Fort de cette expérience, le père Romain Kazadi a eu l’ingénieuse idée de fonder une école d’ingénieurs Jésuite pour dispenser une formation de qualité aux jeunes congolais.
C’est ainsi qu’en 2014, il a fondé l’école supérieure de technologies d’Afrique centrale, ESTAC. Il a associé quelques anciens du Collège Bonsomi de ceux qu’il avait encouragé à faire l’ICAM et d’autres encore pour l’accompagner dans cette tâche lourde, avec des moyens très limités. Puis l’école sera transformée en faculté de sciences et technologies (FAST) et pour faire partie de l’université Loyola du congo en 2016. Telles les douleurs de l’enfantement, le père Romain Kazadi a tenu bon. Malgré les moyens limités, lui et ses collaborateurs, ont réussi à imposer une formation de qualité, à en croire le témoignage des entreprises qui a débouché à la signature de plusieurs contrats et partenariats. Quoi de plus normal que de croire en l’avenir.
L’homme est un loup pour l’homme. La petite lueur à la FAST a commencé à créer des jaloux. Mais l’équipe continuait son chemin. En 2019 un partenariat a été signé avec l’ICAM, une école d’ingénieurs basée en France, d’où il est lui-même un ancien. L’appellation devient « Faculté d’ingénierie ULC-ICAM ». Ledit partenariat devait aider la jeune université à s’ouvrir à la mobilité internationale et l’adaptation de son offre pédagogique.
Les deux institutions ont fait chemin ensemble. L’ULC-ICAM ne cesse de monter en notoriété grâce à un système solide et performant mis en place par le père Romain Kazadi et l’ensemble du corps éducatif qu’il a formé, et également à l’accompagnement du groupe Icam. Depuis la signature de la convention de partenariat entre l’Icam et l’ULC, l’enjeu majeur a toujours été le contrôle du leadership : qui décide en dernier ? qui ordonnance les finances ? comment les personnes sont nommées ? etc. L’Icam cherche à installer son modèle où les nominations sont effectuées à partir de la France. Le père Kazadi se battait pour que les procédures de l’ULC et du pays soient respectées. Les nominations doivent respecter la charte de l’ULC !
Malheureusement, le partenaire, l’Icam, a voulu imposer sa manière de faire. Étant fils du Congo de Lumumba, ce modèle est caduc et ne peut être accepté. Oui au partenariat et non au paternalisme dégradant.
Au mois de juin 2023, lors du passage du nouveau DG de l’Icam, une relecture du texte de la convention dont la période probatoire touche à sa fin en mai 2024 a été effectuée. Le partenaire Icam veut que la FAST (faculté des sciences et technologies) retourne sur le modèle d’une école supérieure, alors qu’actuellement c’est une faculté d’ingénierie faisant partie de l’université Loyola du Congo. Une non-adhésion au modèle proposé par l’ICAM, a été qualifiée de manque d’ouverture et de collaboration. C’est le point rouge qu’il ne fallait pas toucher. A la suite de cela, le père Kazadi devient la personne à écarter pour que l’Icam s’engage davantage dans le projet Kinshasa. Une campagne de diabolisation commence. Une autorité de l’ICAM, un Français, s’en fait le porte-étendard.
Il a réussi à contourner les textes de l’ULC jusqu’à obtenir la nomination d’un nouveau doyen à la FAST, sans élection du conseil de faculté, sans approbation du comité de gestion, sans notification à l’ancien doyen, sans remise et reprise. Quel scandale ! Cela nous rappelle la tragique histoire de Lumumba.
La beauté de collaborer avec les universités du monde entier dans le respect des textes et des valeurs au bénéfice de l’humanité, c’est cela la clé des partenariats dans les établissements d’enseignement supérieur. Le projet FAST est en construction, il n’est pas encore arrivé à maturité. Ce serait une erreur fatale de voler à son fondateur le contrôle de son œuvre. Il doit préparer la succession et transmettre les valeurs de leadership avec lesquelles il a su asseoir cette université. Mais pourquoi ce désordre arrive seulement maintenant ? L’argent, le pouvoir et les égos démesurés n’en seraient pas la base ? Quoiqu’il en soit, la révocation du Père Kazadi de la FAST de l’ULC est abusive. Les décideurs doivent se référer aux textes légaux et aux statuts de l’ULC, et au-delà de tout, respecter les efforts de ceux qui ont tenu l’université depuis sa naissance jusqu’à ce jour. Le partenaire Icam doit revoir ses ambitions.
Sakola.info